<162>pendant jamais on ne fut tant le même, en se ressemblant moins. Après avoir revu vos États, Sire, vous êtes aujourd'hui tranquille dans votre beau château de Sans-Souci, réglant les destins des empires, et cultivant les arts. Il y a dans la Fable je ne sais quel héros, un Hercule, si je ne me trompe, qui parcourait la terre pour faire du bien au genre humain, et qui revenait ensuite dans le sein des Muses. Passez-moi le parallèle; ce n'est pas ma faute, Sire, s'il faut remonter jusqu'à la Fable pour trouver quelque chose qui vous ressemble.

Je travaille à force au portrait que V. M. a ordonné, et fais de mon mieux pour qu'elle en soit contente; mais comme je travaille en écolière, j'ose lui demander un peu d'indulgence et de patience.

L'Électeur mon filsa a informé V. M. qu'il a pris les rênes du gouvernement. Il est mon fils; il a appris de moi à vous honorer. S'il est difficile d'oser vous prendre pour modèle, il est beau du moins de savoir rendre à la vertu sublime l'hommage qui lui est dû. C'est une chose, Sire, sur laquelle j'ose vous promettre que vous ne me trouverez jamais en défaut, ne cessant d'être avec tous les sentiments de la plus haute admiration et considération, etc.

104. A L'ÉLECTRICE MARIE-ANTONIE DE SAXE.

16 novembre 1768.



Madame ma sœur,

La lettre de Votre Altesse Royale m'a fait d'autant plus de plaisir, qu'elle sert de témoignage de la bonne santé dont vous jouissez, madame. Cette lettre m'annonce la faveur précieuse que V. A. R. me fait de me destiner son portrait, surtout de vouloir y travailler elle-même. Vous comblez la mesure, madame, en augmentant les obligations que je vous dois par le souvenir de


a Frédéric-Auguste III, né le 23 décembre 1750, roi depuis 1806.