<165>demi-dieux, et les quarts de dieux de l'antiquité, qui réunit tous leurs talents, toutes leurs vertus. Il faut s'efforcer de les réunir comme lui, et, si l'on ne le peut, il faut du moins être juste et bienfaisant. Vous serez sans doute informé, Sire, que l'Électeur est à la veille d'épouser l'aînée des princesses palatines de Deux-Ponts. Je souhaiterais que la mode fût entre nous comme entre particuliers; je l'engagerais à prier V. M. d'être de ses noces, et j'aurais une fois la satisfaction de vous assurer de bouche des sentiments d'admiration et de haute estime avec lesquels je ne cesserai d'être, etc.

106. A L'ÉLECTRICE MARIE-ANTONIE DE SAXE.

Le 25 janvier 1769.



Madame ma sœur,

Votre Altesse Royale a grande raison de se moquer de ma sainteté, et je lui confesse que je ne crois pas mon individu de la trempe de ceux qui font des miracles après leur mort. Mais, madame, vous ne vous joindriez pas certainement à l'avocat du diable; car j'ose vous dire qu'il n'y a rien que de céleste en votre personne, et que vous ne pouvez jamais vous trouver associée à ceux qui plaident pour ce mauvais génie. S'il ne tenait qu'à cela, par le secours de saint Ignace et du père Lainez, j'oserais me flatter de trouver quelque recoin du paradis pour me placer, car V. A. R. sait que les moines dispensent à ceux qui leur sont utiles aussi facilement des places au ciel que les astronomes assignent aux princes qui les protégent des provinces dans la lune, et jusqu'ici, Dieu merci, il n'y a point eu de guerre en Europe pour ces sortes d'acquisitions. Mais quittons le ciel, et revenons sur terre. Je suis charmé que V. A. R. ait été contente de ma lettre et de celui qui a eu l'honneur de la lui présenter, et de la satisfaction dont elle jouit de voir l'Électeur son fils parvenu à sa majorité et sur le point de se marier. Je souhaite que ce mariage