<18>ébranlée par toutes les vives secousses qu'elle a soutenues l'hiver passé et toute cette campagne. N'oubliez pas le siége de Malte;c et si vous trouvez quelque nouvelle tragédie qui en vaille la peine, chargez-vous-en; car ici je vous jure qu'on ignore jusqu'aux almanachs, et que beaucoup de personnes y meurent sans savoir si l'on imprime ou non en France ou en Hollande. Quintus,d qui est ici, me parle de livres allemands que je ne connais ni ne veux connaître. Je lui ai promis des annales de tous les célèbres pillards, depuis Charles-Quint jusqu'à nos jours, ad usum legionum franquum. Adieu, mon cher; je compte de vous trouver le 5 décembre à Leipzig.

15. AU MÊME.

Meissen, 25 novembre 1762.

Je vous renvoie les trois derniers tomes de Fleury. Mes vers vous disenta ce que j'en pense; ainsi ce serait superflu de le répéter en prose. Je suis encore environné d'embarras de toutes les espèces, militaires, politiques, et des finances. Je ne sais, en vérité, ce que tout ceci deviendra. Je crois encore que je pourrai me rendre le 5 du mois prochain à Leipzig; cependant, comme cela n'est pas bien sûr, je vous écrirai encore pour vous marquer positivement ce qui en sera. Patience, patience, c'est un mot que je ne cesse de me répéter; néanmoins j'en suis bien las, et je voudrais volontiers trouver un refrain plus agréable.

Adieu, mon cher; vous avez obtenu de la fortune et de l'amour tout ce que vous souhaitez; vous pouvez être content. Pour moi,


c Frédéric parle probablement du siége de Malte qui eut lieu en 1565, et dont le récit se trouve dans les t. IV et V de l'Histoire des chevaliers hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem, appelés depuis chevaliers de Rhodes, et aujourd'hui chevaliers de Malte, par M. l'abbé de Vertot. Nouvelle édition. Paris, 1761, sept volumes in-12. Voyez t. XIX, p. 105.

d Voyez t. V, p. 13, et t. XIX, p. 430.

a Voyez t. XIV, p. 167-169.