<192>charme le plus; et si ma présence eût porté la fécondité chez vous, ce serait sûrement le plus beau miracle que j'eusse fait de ma vie. Mais je soupçonne qu'il en est de ce miracle comme de beaucoup d'autres, que la nature a un peu aidés. Quoi qu'il en soit, Sire, persuadez-vous, si vous le pouvez, que ma présence vous a été bonne à quelque chose. J'en perdrai moins la plus chère de mes espérances, celle de vous revoir un jour, et de vous exprimer encore de bouche l'admiration sans bornes, la haute considération et l'attachement inviolable avec lequel je suis, etc.
125. A L'ÉLECTRICE MARIE-ANTONIE DE SAXE.
25 février 1770.
Madame ma sœur,
En pensant ou parlant de Votre Altesse Royale, il est bien difficile d'en exclure la vénération et la considération qu'on lui doit. Les Romains donnaient le nom de saints à leurs empereurs et à leurs impératrices, qui souvent en étaient très-indignes; mais tout le monde m'applaudira, si, dans mon lararium, je dresse un autel à diva Antonia, et si je rends un culte dû à ses grands talents et à ses excellentes vertus. M. Keith ne me démentirait pas, et je suis persuadé qu'il préfère infiniment ma divinité à son vieux saint Patrice d'Irlande, qui, assis sur une montagne, voguait avec elle légèrement sur mer. C'est en tremblant, madame, que je l'ai chargé de vous offrir cet Essai de morale; tant valait-il envoyer des corneilles à Athènes,a ou des ex-voto à Lorette. Toutefois, puisque vous daignez mettre le sceau de votre approbation à cet ouvrage, ce sera un encouragement pour l'auteur de travailler à ce catéchisme,b dont tout le mérite doit consister dans la simplicité.
a Voyez t. XXIII, p. 139 et 165; et ci-dessus, p. 95.
b Dialogue de morale à l'usage de la jeune noblesse. Voyez t. IX, p. vII et vIII, n° IX, et p. 115-130; voyez aussi t. XXIII, p. 172.