<194>dame, de vous assurer du zèle sincère et de l'admiration infinie avec lesquels j'ai l'honneur d'être, etc.
Permettez que je fournisse de temps en temps votre cuisine de poissons qu'on n'a point en Saxe, pour être bon au moins à diversifier les mets de carême et de jours maigres auxquels V. A. R. est assujettie.
126. DE L'ÉLECTRICE MARIE-ANTONIE DE SAXE.
Dresde, 20 avril 1770.
Sire,
Votre Majesté a su par Stutterheim la raison qui m'a empêchée de répondre à ses charmantes lettres, si flatteuses pour ma vanité. Si mon âme avait le ressort de la vôtre, je braverais comme vous, Sire, les douleurs et toutes les faiblesses humaines. Mais voyez quelle est la différence de votre diva Antonia au grand Frédéric : une légère atteinte de goutte m'ôte la force d'écrire une petite lettre, et V. M., sujette comme nous autres aux maux des hommes, prend le temps où elle en est attaquée pour produire un ouvrage qui comblerait d'honneur les moments les plus tranquilles et les plus calmes d'un savant et profond professeur. Ne me canonisez donc pas, Sire; ma canonisation prouverait encore que les saints n'ont pas toujours valu les héros. Le catéchisme que j'ai le bonheur d'avoir fait naître est admirable. Jamais prince n'éclaira l'univers comme V. M. par ses actions, et par des préceptes également utiles et sublimes. Il se peut bien, Sire, qu'il y ait tel endroit, dans cet excellent ouvrage, qui n'aurait pas l'honneur d'être approuvé par messieurs les confesseurs royaux, après lecture faite par ordre de monseigneur le chancelier; mais il n'y en a point qui ne soit marqué au coin de la droite raison et de ce sens dont tout le monde se pique, et qui ne peut être que le partage de peu de personnes. Pour moi, Sire,