<205>d'objets dignes d'attention, dont j'ai été occupé tous ces jours,a je saisis ce premier moment de trêve qui se présente pour vous remercier, madame, de tout ce que vous avez la bonté de me dire d'obligeant et de gracieux dans votre lettre. Comme j'espère d'avoir le bonheur de posséder V. A. R. dans peu, elle me permettra de remettre jusqu'alors les témoignages de ma juste reconnaissance; car, quoique la matière ne me manque point lorsque j'ai le bonheur de lui écrire, il y a encore je ne sais quelle agitation dans ma tête, qui ressemble au mouvement de la mer au moment qu'une tempête finit, et certainement il faut se trouver dans une tout autre situation quand on écrit à diva Antonia. Agréez, madame, les assurances de ma haute estime et de l'admiration avec laquelle je suis, etc.
136. A LA MÊME.
5 octobre 1770.
Madame ma sœur,
Il est bien douloureux pour moi de voir partir sitôt d'ici une princesse, la gloire de l'Allemagne et la dixième Muse de notre siècle. Mais, madame, cette douleur n'efface pas de mon esprit les sentiments de la reconnaissance la plus vive de ce que V. A. R. a bien voulu perdre dans ma demeure quelques moments de son loisir précieux, dont elle sait faire un si noble usage. Je me le répète toujours, que c'est le comble de la bonté et de l'effort d'un génie supérieur de vouloir bien s'ennuyer dans la compagnie d'un hôte qui, à la vérité, est plein, madame, d'un zèle inviolable et d'un attachement sincère pour la personne de V. A. R., mais qui d'ailleurs sent combien il lui est inférieur dans tout le reste. V. A. R., en tout semblable aux dieux, se contentant de la volonté des hommes, veut bien, par un excès de son indulgence, pardonner aux fautes d'un hôte champêtre qui, peu fait
a Voyez t. VI, p. 31 et suivantes, et t. XXIII, p. 191.