<225>Je voudrais mériter les approbations que V. A. R. daigne accorder aux soins que j'emploie à pacifier les troubles de l'Orient. Je crains fort de n'y pas réussir selon mes vœux. On me prend pour le successeur de feu l'abbé de Saint-Pierre.a On rit de cette paix que je voudrais rendre éternelle; on se brouille plus que jamais. Les uns demandent trop, les autres ne veulent rien accorder; ceux qui devraient négocier veulent combattre. Enfin ce chaos devient aussi difficile à débrouiller que celui dont l'imagination des poëtes a composé ce monde que nous habitons. V. A. R. peut juger, après ce tableau que je lui crayonne, combien peu édifié je suis du peu de succès de mes peines. Mais comme toutes les choses humaines sont un mélange de bons et de mauvais événements, je compte la convalescence de V. A. R. comme une riche compensation des dérangements dont je pourrais me plaindre. Mon esprit vous accompagnera, madame, dans votre voyage; mes vœux vous suivront partout, et la haute estime, la considération, et tous les sentiments que je vous ai voués depuis longtemps, ne s'effaceront qu'avec ma vie, étant, etc.

151. DE L'ÉLECTRICE MARIE-ANTONIE DE SAXE.

Dresde, 28 octobre 1771.



Sire,

Je ne me lasse point de lire l'admirable lettre que Votre Majesté a bien voulu m'écrire le mois passé, et je la relis toujours avec de nouveaux transports. Quelle énergie! quelle rapidité! Vous peignez, Sire, l'Europe comme vous l'avez combattue. Trois lignes développent les intérêts les plus compliqués, les desseins et les entraves. Non, Sire, il est impossible qu'un médiateur qui veut les choses comme vous travaille longtemps sans fruit. Vous êtes né pour triompher des difficultés. Le genre humain, que


a Voyez ci-dessus, p. 148.