<232>Nous avons une chanteuse allemande qui a l'honneur d'être connue de V. A. R.; elle se nomme Schmeling;a elle a chanté à Dresde, aux noces de l'Électeur, dans un prologue. Elle a une agilité de voix étonnante, et elle commence à devenir actrice. Je crois, madame, qu'elle méritera les suffrages de V. A. R.; au moins a-t-elle trouvé le moyen de réunir ceux du public. Cette fille ne le cède pas à l'Astrua en fait d'agilité; il n'y a que le pathétique dans lequel elle ne l'égale pas encore, mais auquel elle commence à s'appliquer, en sentant le besoin.
Nous avons, outre les Suédois, quelques étrangers ici : un comte Dufour, un M. de Diede, au service de Danemark, un M. de Riedesel, qui a parcouru toute la Grèce et l'Égypte pour y rechercher les ruines de leur ancienne grandeur; c'est un garçon fort instruit, et qui a su tirer parti de ses voyages.
Je souhaite que la nouvelle année s'écoule avec les auspices les plus favorables pour la santé et le contentement de V. A. R.; je ne l'importunerai point par d'autres vœux. Vous savez, madame, que quand on a gagné les cœurs, on est sûr des sentiments; ainsi je me flatte que vous ne douterez point du zèle, de la haute considération et de l'estime distinguée avec laquelle je suis, etc.
155. DE L'ÉLECTRICE MARIE-ANTONIE DE SAXE.
Dresde, 15 février 1772.
Sire,
Rien de plus aimable que l'exactitude avec laquelle Votre Majesté daigne suivre notre commerce. Que de remercîments ne vous en dois-je point, Sire! Ce commerce, qui fait le bonheur de ma vie, est un bienfait de votre part. J'en connais tout le
a Élisabeth Schmeling, qui épousa plus tard le membre de chapelle (Kammermusikus) Mara. Elle était née à Cassel en 1750.