<255>qu'elle a créée, des mêmes délices qu'elle a senties dans le sein de cette famille dont elle est issue.

J'ai eu une satisfaction approchante en revoyant ici la princesse d'Orange. Le nom de V. A. R. a été mêlé à tous nos entretiens, et les échos des environs ont retenti des vives expressions de nos cœurs, et de ce qu'on ose et doit dire à l'univers, hors à V. A. R. Ces mêmes lieux nous ont rappelé le bonheur que nous avons eu de la posséder, et il semblait que les murailles s'enorgueillissaient encore d'avoir possédé dans leur enclos le phénix des princesses. Pardonnez-moi, madame, cette expression qui m'est échappée; on a beau voiler la vérité, elle perce, quelque peine qu'on se donne de la cacher. Ma nièce est sur son départ pour la Hollande; elle passe par Rheinsberg, où mon frère Henri lui donnera encore quelques fêtes avant qu'elle se mette en route.

C'est en faisant mille vœux pour la prospérité de V. A. R. que je la prie de me croire avec la plus haute estime et la plus vive admiration, etc.

171. DE L'ÉLECTRICE MARIE-ANTONIE DE SAXE.

Dresde, 16 août 1773.



Sire,

Il n'est pas si aisé de faire changer d'opinion à une femme, et, malgré tout ce que V. M. peut me dire, je n'en persiste pas moins à croire à ses prophéties. J'aime bien, en fait de politique surtout, les prophètes qui ont à leurs ordres deux cent mille hommes bien armés et prêts à accomplir leurs prophéties au premier signal. Le Salomon du Nord,a à cet égard ainsi qu'à tous les autres, me paraît bien supérieur à celui du Midi. Je me repose sur vous, Sire, du soin de tenir en paix la portion de notre petit globe que j'habite; qu'après cela les Turcs et les Russes se battent tout à


a Voltaire appelait ainsi Frédéric depuis 1737. Voyez t. XXI, p. 138.