<271>possédons encore, madame, et nous vous prierons tous de respecter désormais avec plus de soin votre précieuse personne, à laquelle est attaché le bonheur de tous ceux qui, comme moi, ont le bonheur de vous connaître. C'est en faisant des vœux, madame, pour votre prompt rétablissement que je prie V. A. R. de ne pas effacer de son souvenir le plus zélé de ses admirateurs, et qui sera à jamais avec la plus haute estime, etc.
183. DE L'ÉLECTRICE MARIE-ANTONIE DE SAXE.
Nymphenbourg, 25 septembre 1774.
Sire,
Recevez mille et mille remercîments de la plus aimable des lettres. Elle a répandu dans mon âme une sérénité qui n'a pas tardé de se communiquer à mon corps par cette harmonie préétablie ou survenue après coup qu'on sent si bien et qu'on explique si peu. Plus d'humeur goutteuse, plus d'agitation dans mes esprits; ma guérison devient un jeu pour les chirurgiens, et j'ai pu me faire transporter de Munich ici. Esculape en personne n'eût pas contribué plus efficacement à ma guérison, et j'ai par-dessus ceux que nous appelons, un peu mal à propos, les anciens idolâtres l'avantage de retrouver tout en V. M. Il leur fallait un monde de divinités subalternes pour figurer au vulgaire les vertus et les talents divers; je vous nomme, Sire, et je les ai tous nommés. C'est Mars, c'est Apollon, c'est Esculape qui ranime en moi le souffle de la vie; c'est Minerve qui m'en apprend le véritable usage. Oui, Sire, il faut penser à ce qu'on est, combien c'est peu de chose, ce souffle qu'un rien peut nous ôter. Une pièce de bois était bien près de finir mes jours. Dans le même moment peut-être un fétu tuait une mouche. Ces deux événements entraient dans le plan général, et la princesse n'avait d'autre avantage sur la mouche que celui de sentir mieux son mal, et d'être