<277>que rien n'est que ce qui doit être. Mais sans s'alambiquer l'esprit à chercher les causes des guerres, on les trouve dans les passions des hommes, surtout quand ces passions sont vives, et qu'ils ont les moyens de les contenter. Sans l'établissement des lois, les particuliers se déchireraient en détail, comme le font à présent les chefs des nations, qui n'ont point d'arbitres sur eux. L'histoire de l'univers n'est qu'un tissu de guerres transmis jusqu'à nos jours, depuis qu'on a su en conserver la mémoire. Mais les passions, ces causes des guerres, ne sont fortes, madame, que dans la jeunesse. Il y a longtemps que j'ai passé ce bel âge; tout m'avertit des approches de la décrépitude, mes cheveux blanchissants, ma vigueur qui s'éteint, et les forces qui m'abandonnent. Je laisse ouverte cette carrière brillante et dangereuse à des athlètes plus frais et plus enivrés du clinquant de la gloire que je le suis; mais, en quelque état que je me trouve, jusqu'au dernier moment de mon existence je ne cesserai, madame, d'être de vos admirateurs, et de vous donner des marques de la haute considération avec laquelle je suis, etc.

Si V. A. R. approuve le pape,a cela m'en donne d'avance bonne opinion. Je souhaite seulement qu'il ne persécute point les débris de la société d'Ignace, que j'ai jusqu'ici sauvée d'un naufrage total.

188. DE L'ÉLECTRICE MARIE-ANTONIE DE SAXE.

Nymphenbourg, 27 mai 1775.



Sire,

Si j'avais perdu un instant ce goût primitif de l'homme qui l'attache à la vie, rien n'eût été plus capable de m'y rappeler que la lettre dont V. M. m'a honorée en dernier lieu. C'est Frédéric qui


a Pie VI (Braschi), successeur de Clément XIV (Ganganelli).