<281>bien humilier un jour ceux qui les ont si vilainement dépouillés dans ce monde-ci.
V. A. R. croira, au style de cette lettre, que j'ai pris leçon de cagoterie chez le prince Louis de Würtemberg. Ce n'est pourtant pas cela; mais comme, avocat des jésuites, je suis quelquefois en conférence avec eux pour mieux plaider leur cause, il peut être arrivé qu'une étincelle de la grâce efficace dont ils sont remplis se soit échappée de leur foyer pour se répandre sur moi. Vous en croirez, madame, tout ce qu'il vous plaira, pourvu que vous ne doutiez point du zèle, de l'admiration et de la haute estime avec laquelle je suis, etc.
190. DE L'ÉLECTRICE MARIE-ANTONIE DE SAXE.
Dresde, 9 août 1775.
Sire,
Rendue à mes pénates, et rapprochée à ma divinité tutélaire, mon premier soin est de lui rendre mes hommages. Je sais bien que l'Apollon et le Mars de nos jours ne veut pas qu'on brûle de l'encens dans ses beaux temples; mais quelque modeste que vous soyez, et quelque soumission que l'on doive à vos désirs, il n'est pas dit que l'on doive supprimer les sentiments les plus intimes de son âme, ni, quand on le devrait, qu'on le pourra. Quant à moi, Sire, il m'est impossible de songer à V. M. sans vous payer ma portion de l'admiration et des éloges dont l'univers vous est redevable.
V. M. caractérise à merveille tous ces conquérants que vous passez en revue. César, sans doute, valait mieux qu'eux tous; il eût été le premier orateur de son siècle, s'il l'avait voulu. Cicéron le dit; je ne suis pas faite pour contester avec lui, surtout quand c'est par l'organe de V. M. qu'il parle. Mais César avait-il disputé aux Grecs l'art de faire des vers en leur langue, à Tite-