<284>le moyen, avec quelques modifications, de conserver une compagnie dont les catholiques de mes États ne sauraient se passer sans des inconvénients fâcheux pour leur religion. Je plains le confesseur de V. A. R. de ne pas avoir eu la consolation de voir, avant de mourir, les restes de son ordre réconciliés et réinstitués. Il viendra à présent rendre compte à saint Pierre et à saint Ignace de sa gestion de conscience, et je me représente l'étonnement de ces bons saints, qui lui diront : Comment donc! écureur d'âmes, vous n'avez eu rien à écurer? et lui qui leur répondra : Si vous connaissiez à fond ma pénitente, vous avoueriez, tout grands saints que vous êtes, que vous n'auriez eu que des bénédictions à donner. On fêtera son arrivée en paradis, et l'on boira en vin de Hongrie ou de Champagne la santé de sainte Antonia. Pour moi, je la bois ici sur terre, et je n'en dis rien. V. A. R. pourrait me ranger dans la classe de nos anciens pères, qui ne négligeaient aucune occasion pour boire; ce n'est pourtant pas par ce motif, mais bien par une suite de l'attachement et de l'admiration avec laquelle je suis, etc.
192. A LA MÊME.
(Potsdam) 22 (octobre 1775).
Madame ma sœur,
Quelque envie que j'aie de répondre à l'obligeante lettre de Votre Altesse Royale, je me trouve presque hors d'état de le faire. Un très-fort accès de goutte, qui m'a estropié tous les membres, me met hors d'état de lui répondre.a Tout ce que je puis, c'est de lui marquer mon extrême reconnaissance de ses bontés, de lui en demander la continuation, en l'assurant de l'admiration et de la haute estime avec laquelle je suis, etc.
a Voyez, t. XXIII, p. 401, la lettre de Frédéric à Voltaire, du 22 octobre 1775.