<297>et pour les objets de mon admiration, l'endroit de votre lettre qui m'a fait le plus de plaisir est celui où V. M. me rassure sur le repos de l'Europe. Qu'on se batte sur mer tant qu'on voudra; je n'y vais point, les vaisseaux de guerre ne remontent pas l'Elbe, et jusqu'ici V. M. n'a point été curieuse de cette espèce de gloire. Daignez nous conserver la paix en terre ferme, et, pour prix de vos bienfaits, recevez l'hommage le plus vif et le plus sincère que les hommes puissent offrir. Il sera universel, Sire, puisqu'il vous regarde; mais, j'ose le répéter, on ne vous en rendra point de plus pur que celui de l'estime ineffable et de la haute considération avec laquelle je suis, etc.
202. A L'ÉLECTRICE MARIE-ANTONIE DE SAXE.
(Potsdam) 11 mai 1777.
Madame ma sœur,
J'ai été bien aise de voir, par la lettre de Votre Altesse Royale, qu'il ne lui reste aucun ressentiment de sa dernière chute, dont, avec raison, on appréhendait des suites dangereuses; il paraît qu'une providence particulière veille à sa précieuse conservation.
V. A. R. a bien raison de rejeter l'opinion de ces hommes érudits qui ont avancé que toutes les connaissances nous sont venues du Nord. Le peu que nous savons de l'origine de nos connaissances nous apprend que les premières lumières nous sont venues de l'Asie et des pays orientaux : Confutzé vivait quatre mille ans avant nous; sa doctrine était fameuse en Chine, mais peu connue des nations qui habitent au-dessus du Gange; les Persans avaient leurs mages, chez lesquels Pythagore prit des leçons; l'Égypte était policée avant la Grèce. Ainsi notre Europe est venue la dernière; elle a beaucoup perfectionné les sciences, sans avoir pu prévenir les Orientaux, et depuis la renaissance des lettres, la physique, en s'appuyant sur le bâton de l'expé-