<384>ne crois pas que votre estomac souffre; mais je suppose qu'il y a quelque opilation dans les viscères du bas-ventre, qui cause vos incommodités. Si j'étais votre médecin, je vous enverrais à Spa. Vous méritez de jouir longtemps de votre réputation. Je m'intéresse plus que personne à votre existence, et je voudrais y contribuer, si je le pouvais; car que nous restera-t-il, si l'Europe vient à vous perdre? Personne; j'opine donc pour les eaux minérales et pour tous les remèdes doux qui opèrent lentement et sans renverser le tempérament. J'espère et je souhaite d'apprendre bientôt de meilleures nouvelles de votre santé, en vous, etc.a

18. DE D'ALEMBERT.

Paris, 17 septembre 1764.



Sire,

L'ouvrage de philosophie que j'ai eu le bonheur de faire par ordre de V. M. m'a procuré de sa part une lettre bien supérieure à mon ouvrage, pleine d'une philosophie qui me remplit d'admiration, et d'une bonté qui me pénètre de reconnaissance. Quelle lettre, Sire! et qu'elle est bien digne du héros et du sage qui l'a écrite, si on en excepte ce qu'elle renferme de trop flatteur pour moi! Elle mériterait d'être signée d'autant de noms de philosophes que les archiducs autrichiens ont de noms de baptême. Mais le nom seul de V. M. équivaut à tous ceux du Lycée et du Portique, et vaut beaucoup mieux que tous ceux du calendrier.

Je me félicite, Sire, de penser comme V. M. sur la vanité et la futilité de la métaphysique; un vrai philosophe, ce me semble, ne doit traiter de cette science que pour nous détromper de ce qu'elle croit nous apprendre, principalement sur ces grandes questions qui, comme dit très-bien V. M., nous importent vrai-


a M. de Catt, qui avait copié cette lettre pour l'expédier, ajouta de sa main au bas de la minute du Roi : « M. d'Alembert avait envoyé à S. M. ses Œuvres de philosophie et de littérature, en quatre volumes. »