<403>passions effrénées, et par lesquels les hommes peuvent jouir du faible degré de bonheur que comporte leur nature.
Je ne finirais point sur cet article, si je voulais répéter ce qu'on a dit; toutefois je suis persuadé que vous prendrez votre parti sur ce qui vient de vous arriver, et que vous ne voudrez pas donner à vos ennemis la joie de soupçonner qu'ils vous tuent par leurs persécutions. Je serai charmé de vous revoir, en quelque occasion que ce soit, et j'espère que le temps, ce grand maître, passera son éponge sur le passé, et vous fera recouvrer votre santé, votre gaîté et votre repos. Sur ce, etc.
28. DE D'ALEMBERT.
Paris, 19 mai 1766.
Sire,
Je ne perds point de temps pour apprendre à Votre Majesté que M. de la Grange a reçu ses offres avec autant de respect que de reconnaissance; qu'il se tient trop heureux d'avoir mérité les bontés d'un prince tel que vous, et d'être à portée de les mériter encore davantage par ses travaux; qu'il a demandé au roi de Sardaigne son souverain la permission d'accepter ces offres; que le roi de Sardaigne lui a promis de lui faire donner incessamment sa réponse, et a bien voulu lui faire espérer que sa demande ne serait point rejetée. Je crois donc, Sire, que M. de la Grange ne tardera pas à venir remplacer M. Euler;a et j'ose assurer V. M. qu'il le remplacera très-bien pour les talents et le travail, et que d'ailleurs, par son caractère et sa conduite, il n'excitera jamais dans l'Académie la moindre division ni le moindre trouble. Je prends la liberté de demander à V. M. ses bontés particulières pour cet homme d'un mérite vraiment rare, et aussi estimable par ses sentiments que par son génie supérieur. Je me tiens trop heureux d'avoir pu réussir dans cette négociation, et procurer à
a Voyez t. XX, p. XIV, XV, et 232-234, nos 20, 21 et 22.