<446>fera venir sans doute les eaux d'Aix, en attendant qu'il puisse aller les prendre sur les lieux.
Nous recevons de Genève quelques brochures édifiantes; on nous a envoyé il y a peu de jours l'A, B, C;a c'est un tissu de dialogues sur tout ce qui a été, est, et sera. Dans le dernier dialogue, l'auteur soupçonne qu'il pourrait bien y avoir un Dieu, et qu'en même temps le monde est éternel; il parle de tout cela en homme qui ne sait pas trop bien ce qui en est. Je crois qu'il dirait volontiers comme ce capitaine suisse à un déserteur qu'on allait pendre, et qui lui demandait s'il y avait un autre monde : « Par la mordieu! je donnerais bien cent écus pour le savoir. »
Mais c'est trop entretenir V. M. de balivernes. Je finis en lui souhaitant une année aussi glorieuse et aussi heureuse que toutes les précédentes, et en la priant de continuer ses bontés à un philosophe pénétré de reconnaissance, d'attachement, et du plus profond respect pour sa personne. C'est dans ces sentiments que je serai toute ma vie, etc.
54. A D'ALEMBERT.
16 janvier 1769.
Je vous aurais répondu plus tôt, si je ne m'étais vu accablé d'affaires de différents genres. Je commence par vous remercier de votre harangue académique incluse dans votre lettre, et de ce que vous me dites sur le renouvellement de l'année. Je puis vous assurer, sans compliment, que je suis très-content de votre harangue. C'est un écrit plein de dignité; vous y louez le roi de Danemark sans le flatter, et vous épuisez toutes les matières que le Danemark fournit pour en dire quelque chose d'avantageux. Le style en est simple et noble; la seule image que vous employiez est pour le czar Pierre Ier; elle est forte, et placée en son lieu pittoresque. J'ai lu d'autres discours, même des vers faits
a Voyez les Œuvres de Voltaire, édit. Beuchot, t. XLV, p. 1-135.