<488>peuples, et surtout de conserver longtemps V. M. pour l'exemple des uns et le bonheur des autres.
Je suis avec le plus profond respect, etc.
77. DU MÊME.
Paris, 6 juillet 1770.
Sire,
J'ose espérer que Votre Majesté pardonnera la liberté que je vais prendre à la tendre et respectueuse confiance que ses bontés m'ont inspirée, et qui m'encourage à lui demander une nouvelle grâce.
Une société considérable de philosophes et de gens de lettres, du nombre desquels je suis, ont résolu, Sire, d'ériger à M. de Voltaire une statue, comme à celui de tous nos écrivains à qui la philosophie et les lettres sont le plus redevables.
Les philosophes et les gens de lettres de toutes les nations, et en particulier de la nation française, vous regardent, Sire, depuis longtemps comme leur chef et leur modèle. Qu'il serait donc flatteur et honorable pour nous qu'en cette occasion V. M. voulût bien permettre que son auguste et respectable nom fût à la tête des nôtres! Elle donnerait à M. de Voltaire, dont elle aime tant les ouvrages, la marque d'estime la plus précieuse et la plus éclatante, dont il serait infiniment touché, et qui lui rendrait cher ce qui lui reste de jours à vivre.a Elle ajouterait beau-
a Voltaire écrit à d'Alembert, de Ferney, le 27 avril 1770 : « Il ne serait pas mal que Frédéric se mît au rang des souscripteurs; cela épargnerait de l'argent à des gens de lettres trop généreux qui n'en ont guère. Il me doit cette réparation, et vous êtes le seul qui soyez à portée de lui proposer cette bonne œuvre philosophique. » Il écrit au même, le 21 juin suivant : « A l'égard de Frédéric, je crois qu'il est absolument nécessaire qu'il soit de la partie. Il me doit, sans doute, une réparation comme roi, comme philosophe, et comme homme de lettres; ce n'est pas à moi à la lui demander, c'est à vous à consommer votre ouvrage. » - Voyez notre t. XXIII, p. 28.