<490>Quant au premier, où il prétend qu'une nature privée d'intelligence, à l'aide du mouvement, produit tout, je crois qu'il lui sera impossible de soutenir cette opinion contre les objections que je lui fais. Pour le second point, qui roule sur le fatalisme, il lui reste encore des réponses, et c'est, selon moi, de toute la métaphysique la question la plus difficile à résoudre. Je propose un tempérament; c'est une idée qui m'a séduit, et qui pourrait bien être vraie. Je prends un milieu entre la liberté et la nécessité; je limite beaucoup la liberté de l'homme, mais je lui en laisse cependant la part que l'expérience commune des actions humaines m'empêche de lui refuser. Les deux derniers points roulent sur la religion et le gouvernement.
Il y a outre cela une infinité d'endroits de cet ouvrage où l'auteur donne prise sur lui. Il affirme assez doctoralement que la somme des biens l'emporte sur la somme des maux. C'est de quoi je ne suis point d'accord avec lui, et ce qu'il lui serait impossible de prouver, si l'on voulait pousser un peu vivement la dispute sur ce sujet. Enfin, en ramassant mes remarques, je me suis cru un docteur de Sorbonne, un pilier de l'Église, un saint Augustin; mais en relisant ce que j'avais jeté sur le papier, je me suis trouvé très-hétérodoxe. J'ai trouvé mes propositions malsonnantes, hérétiques, sentant l'hérésie, et dignes d'encourir les foudres du Vatican. Cependant ce qui m'a consolé, c'est que mon adversaire sera pour le moins doublement cuit et rôti, si je le suis une fois dans l'autre monde. Je ne comprends pas comment il se trouve des auteurs assez étourdis pour publier de tels ouvrages, qui les exposent à des malheurs très-réels. Si l'auteur du Système de la nature allait par hasard être découvert en France, le moins qui lui arriverait serait de passer le reste de sa vie dans la Bastille, et cela, pour avoir eu le plaisir de dire tout ce qu'il pensait. Il faut se contenter de penser pour soi, et laisser un cours libre aux idées du vulgaire. Je ne sais point ce qui a pu animer l'auteur contre le gouvernement de France. Il peut se passer bien des choses, dans l'intérieur de ce royaume, dont mon éloignement m'empêche d'être instruit. Je suis persuadé qu'il s'y commet des injustices et des violences contre lesquelles le gouvernement devrait sévir; mais comprenez donc bien que