83. A D'ALEMBERT.
Le 18 août 1770.a
Je trouve votre faculté de médecine bien aimable. Ah! si j'avais de pareils médecins, que je serais à mon aise! Mais ceux de ce pays-ci ne prescrivent à leurs patients que des gouttes et des drogues abominables. Cependant vos médecins ont failli; car si j'avais leur bonnet fourré en tête, et que vous m'eussiez consulté à Paris, je vous aurais prescrit l'air de ce pays comme le plus propre à vous guérir; mais comme je ne suis pas docteur, il faut en croire ceux qui ont le privilége de se moquer de leurs malades ou de les abuser. Je suis sur mon départ pour la Silésie et la Moravie;a à mon retour, on vous fera toucher à Paris la somme que vous demandez. C'est une consolation pour moi que ces rois tant vilipendés puissent être de quelque secours aux philosophes; ils sont au moins bons à quelque chose. Adieu, mon cher; je vous en dirai davantage à mon retour.
84. DE D'ALEMBERT.
Paris, 15 septembre 1770.
Sire,
Je pars demain pour tâcher de retrouver la santé, et je pars pénétré de reconnaissance pour toutes les bontés dont V. M. me comble. Je ne sais quel sera le succès de ce voyage pour mon individu physique; mais il m'aura du moins procuré la consolation de voir que le héros de l'Europe veut bien prendre quelque intérêt à ma chétive personne, et me donner des preuves aussi flatteuses qu'attendrissantes de cet intérêt si précieux pour moi. En quelque endroit que j'aille, Sire, je ne laisserai ignorer à per-
a Le Roi partit le 15 pour la Silésie; la date de cette lettre est donc inexacte. Voyez t. XXIII, p. 186.