<514>appeler au moins frappantes, d'intelligence et de dessein; il s'agit de savoir si en effet cette intelligence est réelle, et, supposé qu'elle le soit, de deviner, si nous pouvons, ce qu'elle est.
D'abord, je ne puis douter que cette intelligence ne soit jointe au moins à quelques parties de la matière; l'homme et les animaux en sont la preuve. Il est certain, de plus, qu'elle dirige la plus grande partie de leurs mouvements, et qu'elle est le principe de tout ce que l'homme a fait de raisonné, et surtout de grand et d'admirable, comme l'invention des arts et des sciences. Cette intelligence dans l'homme et dans les animaux est-elle distinguée de la matière, ou n'en est-elle qu'une propriété dépendante de l'organisation? L'expérience paraît prouver et même démontrer le dernier, puisque l'intelligence croît et s'éteint, à mesure que l'organisation se perfectionne et s'affaiblit. Mais comment l'organisation peut-elle produire le sentiment et la pensée? Nous ne voyons dans le corps humain, comme dans un morceau de matière brute, solide ou fluide, que des parties susceptibles de figure, de mouvement et de repos. Pourquoi l'intelligence se trouve-t-elle jointe aux unes, et non pas aux autres, qui même n'en paraissent pas susceptibles? Voilà ce que nous ignorerons vraisemblablement toujours. Mais nonobstant cette ignorance, l'expérience me paraît, comme à V. M., prouver invinciblement la matérialité de l'âme, comme le plus simple raisonnement prouve qu'il y a un être éternel, quoique nous ne puissions concevoir ni un être qui a toujours existé, ni un être qui commence à exister.
Il s'agit à présent d'examiner si cette intelligence, dépendante de la structure de la matière, est répandue dans toutes les parties du monde. Cette question paraît plus difficile que les précédentes. D'abord, à l'exception des corps des animaux, toutes les autres parties de la matière que nous connaissons nous paraissent dépourvues de sentiment, d'intelligence et de pensée. L'intelligence y résiderait-elle sans que nous nous en doutassions? Il n'y a pas d'apparence, et je serais assez disposé à penser non seulement qu'un bloc de marbre, mais que les corps bruts les plus ingénieusement et les plus finement organisés ne pensent ni ne sentent rien. Mais, dit-on, l'organisation de ces corps décèle des