<521>vation et de son bien-être est un des puissants motifs qui le font pencher du côté où il croit rencontrer ces avantages. Cependant il est de ces âmes bien nées qui savent préférer l'honnête à l'utile, qui sacrifient leurs biens et leur vie volontairement pour la patrie, et ce choix qu'ils font est le plus grand acte de liberté qu'ils puissent faire. Vous répondrez que toutes ces résolutions sont une suite de notre organisation et des objets extérieurs qui agissent sur nos sens; mais sans organes nous penserions aussi peu qu'un clavecin pourrait rendre des sons sans cordes. Je suis d'accord que toutes nos connaissances nous viennent par les sens; mais distinguez ces connaissances de nos combinaisons, qui les mettent en œuvre, les transfigurent, et en font un usage admirable. Vous insistez encore, et vous m'alléguez les passions qui agissent en nous. Oui, vous triompheriez, si ces passions l'emportaient toujours; mais on leur résiste souvent. Je connais des personnes qui se sont corrigées de leurs défauts. Quelle différence ne trouve-t-on pas entre un homme bien ou mal élevé, entre un novice qui entre dans le monde et un autre qui a de l'expérience! Or, s'il y avait une nécessité absolue, personne ne pourrait se corriger; les défauts resteraient invariablement les mêmes, les exhortations seraient vaines, et l'expérience ne corrigerait ni les imprudents ni les étourdis. J'ose donc soupçonner quelque contradiction dans ce système de la fatalité; car, si on l'admet à la rigueur, il faut regarder comme superflues et inutiles les lois, l'éducation, les peines et les récompenses. Si tout est nécessaire, rien ne peut changer. Mais mon expérience me prouve que l'éducation fait beaucoup sur les hommes, qu'on peut les corriger, qu'on peut les encourager, et je m'aperçois de jour en jour davantage que les peines et les récompenses sont comme les remparts de la société. Je ne saurais donc admettre une opinion contraire aux vérités de l'expérience, vérités si palpables, que ceux même qui embrassent le système de la fatalité le contredisent continuellement, tant dans leur vie privée que par leurs actions publiques. Or, que devient un système qui ne nous ferait faire que des sottises, si nous nous y conformions au pied de la lettre?
Nous voici à la religion, et j'ose me flatter que vous me prenez