<535>temps moins rude que celui que nous avons ici, que vous jouissiez d'une santé parfaite et d'une tranquillité d'âme inébranlable. Sur ce, etc.

100. DE D'ALEMBERT.

Paris, 21 avril 1771.



Sire,

J'ai reçu presque en même temps les deux dernières lettres dont V. M. a bien voulu m'honorer; mon premier soin a été de répondre, s'il m'était possible, au désir que V. M. me marque dans la seconde de ces lettres, de lire quelqu'une des fables de M. le duc de Nivernois.c Comme il n'était point en ce moment à Paris, je lui ai écrit sur-le-champ, et je prends la liberté d'envoyer à V. M. en original la réponse qu'il m'a faite. J'ai le plus grand regret de n'avoir pas réussi; je puis, au reste, satisfaire en partie V. M. sur ce qu'elle désire de savoir du genre de ces fables. Elles sont plus dans celui de La Motte que des autres fabulistes, mais mieux écrites et avec plus de goût.

Je suis très-flatté de l'approbation que V. M. a la bonté de donner aux deux petits ouvrages que j'ai eu l'honneur de lui envoyer. Elle me paraît préférer le dialogue au discours, et je n'ai garde d'appeler de son jugement; cependant je prendrai la liberté de lui dire que le discours m'est beaucoup plus cher que le dialogue, et je voudrais bien que V. M. devinât par quelle raison.

Quant à notre petite controverse ou discussion métaphysique, il me semble qu'elle est épuisée, et qu'il serait fastidieux d'en ennuyer davantage V. M.; je vois que, tout bien pesé, il s'en faut bien peu que je ne pense tout à fait comme elle, et que si j'en diffère encore, ce n'est qu'autant qu'il le faut pour l'honneur de l'obscurité métaphysique. L'essentiel, comme le remarque très-bien V. M., c'est de sentir et de convenir que notre faible intelligence ne voit goutte en ces matières, et de ne pas surtout vou-


c Voyez t. XIX, p. 356.