15. DE L'ÉLECTRICE MARIE-ANTONIE DE SAXE.
Dresde, 26 novembre 1763.
Je réponds par le premier courrier à la lettre que Votre Majesté m'a fait l'honneur de m'écrire le 16. Autant je suis flattée de l'estime et de l'amitié que V. M. continue à me témoigner, autant suis-je frappée de ce qu'elle me dit de l'impératrice de Russie. Pourquoi cette princesse serait-elle si fortement déclarée contre nous? Nous n'avons point mérité sa haine. Nous recherchons au contraire son amitié. Mais si elle ne veut point nous aider, elle déclare qu'elle veut maintenir la liberté des Polonais dans le choix de leur roi. Vous avez fait, Sire, la même déclaration. Mon époux ne veut tenir la couronne que des libres suffrages de la république. Il ne demande à ses amis que des bons offices, et à ceux qui ne voudront pas le favoriser rien autre qu'une chose très-juste, d'abandonner à l'indépendance de la nation polonaise une affaire qui lui est purement domestique. Jamais il ne sera volontairement cause que cette affaire devienne compliquée. Soyez-en certain, Sire; et, comme V. M. approuve sans doute les déclarations de l'impératrice de Russie en faveur de la liberté polonaise, assurez-la que mon époux ne songera jamais à y donner atteinte, que nous et nos amis, nous demandons uniquement que cette liberté soit respectée, et que nous ne croirons jamais d'offenser personne en nous prévalant de ce qu'elle pourra nous offrir. Nous vous aurons une vraie obligation de ce service, qui ne peut vous compromettre. Au reste, l'impératrice de Russie, dans la vue de maintenir la liberté de la Pologne dans son entier, ayant demandé à V. M. de ne point permettre le passage aux troupes saxonnes qui voudraient entrer en Pologne, il est à croire que, par le même principe, cette princesse n'y voudra pas non plus faire entrer les siennes. Je suis avec le plus respectueux attachement, etc.