Je suis avec tous les sentiments de profond respect, de reconnaissance et d'admiration qui ne finiront qu'avec ma vie, etc.
113. DU MÊME.
Paris, 1er juin 1772.
Sire,
Un jeune militaire plein d'ardeur, d'esprit et de connaissances, nommé M. de Guibert, désire de mettre aux pieds de V. M. l'hommage que lui doivent tous les militaires et tous les philosophes. Il prie V. M. de vouloir bien recevoir l'ouvrage qui est joint ici,a et dont il est l'auteur; et comme il connaît les bontés dont V. M. m'honore, il m'a prié de lui faire parvenir son livre et son profond respect.
Quintilien dit qu'on doit juger du progrès qu'on a fait dans l'éloquence, par le plaisir qu'on prend à la lecture de Cicéron.b Si on doit juger par une règle semblable des progrès qu'on a faits dans l'art militaire, j'ai lieu de croire, Sire, que M. de Guibert en a fait de grands, par l'admiration profonde dont il est pénétré pour le génie que V. M. a su porter dans cet art nécessaire et funeste. C'est au César de notre siècle à en juger. S'il juge l'ouvrage digne de quelque estime, l'auteur serait infiniment flatté du témoignage que César voudrait bien lui en donner; ce serait la plus noble récompense de son travail.
L'Académie des sciences de Paris a élu pour associé étranger M. de la Grange, comme j'ai eu l'honneur de l'annoncer à V. M.; il a dû l'unanimité des suffrages à son mérite supérieur, et en même temps à l'assurance que j'ai donnée à mes confrères qu'ils
a Voyez t. XIV, p. 252, et ci-dessus, p. 555.
a Essai général de tactique. A Londres (Paris) 1787. Le même auteur a fait un excellent Éloge de Frédéric.
b Quintilien, De institutione oratorio, liv. X, chap. 1, §. 112.