<57>A peine la guerre est-elle finie, à peine les souverains peuvent-ils penser à l'intérieur de leurs États, où ils doivent leurs principaux soins; qui voudra donc se mêler des affaires de la Pologne? Non, madame, tout ceci me ramène à ce que j'ai eu l'honneur de vous écrire si souvent : ou il faut gagner l'esprit de l'impératrice de Russie, ou il faut renoncer pour cette fois à vos projets. Et pour le premier, je m'explique peut-être avec trop de sincérité, mais je ne crois pas, madame, qu'il vous sera possible de faire changer de sentiment à cette princesse. Je ne saurais vous en dire davantage, mais vous me comprendrez avec le temps. V. A. R. trouvera alors elle-même que je lui ai dit la vérité. Je voudrais, madame, vous entretenir sur des sujets plus agréables; mais une princesse aussi éclairée que V. A. R. exige qu'on lui parle avec franchise. J'ai l'honneur d'être avec la plus haute estime, madame, etc.
17. DE L'ÉLECTRICE MARIE-ANTONIE DE SAXE.
Dresde, 23 janvier 1764.
Sire,
Je me disposais à répondre à Votre Majesté, lorsque j'ai été accablée du plus grand malheur qui pouvait m'arriver.a L'amitié de mes beaux-frères, et la confiance particulière que me témoigne le Prince administrateur, sont bien propres à adoucir ma juste douleur. Trouvez bon, Sire, que, après avoir un peu recueilli mes esprits, je reprenne notre correspondance. Me serais-je assez mal expliquée dans ma dernière lettre pour faire entendre à V. M. que je lui demandais de se rendre l'avocat de l'impératrice de Russie? Je voulais, Sire, que vous fussiez le nôtre auprès de cette princesse. Mais je vois que vous déclinez cet office. Ne pourriez-vous pas au moins proposer à l'Impératrice d'abandonner aux Polonais seuls le soin de se choisir un roi, sans trop in-
a L'électeur Frédéric-Chrétien était mort le 17 décembre 1763.