<582>vers, j'aime encore mieux la paix et l'union entre les hommes. La lettre que V. M. me fait l'honneur de m'écrire me confirme dans cette douce espérance, en me faisant envisager cette paix comme prochaine. On nous assure pourtant ici que le congrès est rompu; mais sur la parole de V. M., que je crois comme la vérité même, j'espère que s'il est rompu, il se renouera bientôt, grâce à la péroraison en poche dont V. M. me fait l'honneur de me parler, et qui, autant que je puis le deviner, doit être une péroraison très-efficace. Plein de confiance, Sire, en cette éloquente péroraison, je me suis hâté de l'annoncer d'avance à mes confrères les encyclopédistes, qui ont avec l'Église cela seul de commun, d'abhorrer le sang comme elle. Plaisanterie à part, Sire, cette paix comblera de gloire V. M., qui joue dans toute cette affaire un rôle si grand et si digne d'elle. J'avoue qu'une nouvelle gloire à V. M. est, comme on dit, de l'eau portée à la rivière; mais cette eau, Sire, est toujours bonne, quand elle vient d'une aussi bonne source, et qu'elle joint au titre de héros celui de pacificateur.
Je suis seulement fâché, et mes confrères les encyclopédistes partagent ma peine, que la réédification de ce temple si édifiant de Jérusalem ne puisse pas faire dans le traité un petit article secret. Il faudra donc que les juifs prennent patience pour aller s'établir sur les bords du Jourdain; j'espère au moins que les Turcs se feront encore battre dans la première guerre qu'ils feront à quelque monarque philosophe en effet, et chrétien pour la forme, et que ce héros philosophe et mauvais chrétien rendra ce petit service aux juifs, dont il pourrait même tirer quelque argent à cette bonne intention, car tout bienfait mérite reconnaissance.
Le professeur que j'ai eu l'honneur d'envoyer à V. M. doit actuellement, si je ne me trompe, être arrivé à Berlin; j'espère que V. M. l'aura vu, et je ne doute point qu'il ne justifie par son travail et par sa conduite ce que j'ai annoncé de lui. Je ne sais si V. M. est informée que M. Thieriot, chargé ici de sa correspondance littéraire, tire absolument à sa fin;a en cas que V. M. ne lui ait pas déjà destiné un successeur, et qu'elle veuille bien avoir
a Voyez t. XXIII, p. 260.