<583>sur ce sujet quelque confiance en mon choix, je prends la liberté de lui proposer pour remplacer M. Thieriot, et aux mêmes conditions, M. Suard, homme d'esprit, de goût et de probité, qui a travaillé longtemps avec succès au Journal étranger et à la Gazette littéraire, et qui est auteur d'une excellente traduction française de l'Histoire de Charles-Quint, par Robertson. J'ose assurer V. M. qu'elle ne peut faire à tous égards un meilleur choix pour remplacer M. Thieriot, et j'ose de plus me flatter qu'elle voudra bien m'en croire, tant par le zèle qu'elle me connaît pour ce qui l'intéresse, que par l'expérience qu'elle a déjà faite de l'attention scrupuleuse que j'ai apportée à tous les choix dont elle m'a fait l'honneur de me charger.
Je suis avec le plus profond respect, la plus vive reconnaissance, et la plus sincère admiration, etc.
121. A D'ALEMBERT.
27 octobre 1772.
J'ai conçu toute la témérité d'un Allemand qui envoie des vers français à un académicien, à Paris, et de plus encore à un des Quarante. J'ai senti toute l'impertinence qu'il y a d'envoyer à une des premières têtes de la littérature française une satire sur des aventuriers de sa nation. Mais si j'excepte de ces aventuriers trois ou quatre personnes de mérite, le gros de leurs compagnons n'était composé que de la lie des dernières réductions de vos troupes; et quant aux vers, comme ils ne s'élèvent pas plus haut que le ton du vaudeville, il m'a paru qu'un poëte tudesque, muni d'effronterie, pouvait les hasarder.
Cette paix à laquelle vous vous intéressez s'achemine à grands pas; le congrès vient de renouer les négociations, et avant la fin de l'hiver les troubles de l'Orient seront pacifiés. Je ne suis qu'un faible instrument dont la Providence se sert pour coopérer à cette œuvre salutaire. Les dispositions pacifiques de l'impératrice de