<613>Un des plus estimables membres de votre Académie, M. Bitaubé, vient de m'envoyer le poëme de Guillaume,b dont il est l'auteur. Cet ouvrage m'a paru intéressant, et la lecture m'en a fait plaisir. L'auteur désirerait de le rendre plus parfait à une seconde édition, et m'a fait part du désir qu'il a témoigné à V. M. de faire un voyage en France pour être à portée d'améliorer son ouvrage par les conseils de nos principaux gens de lettres. Je crois en effet, Sire, que cet ouvrage y pourrait gagner beaucoup; mais ce qui peut-être y gagnerait encore davantage, c'est la nouvelle édition que l'auteur a entreprise de sa traduction de l'Iliade. Il désire d'autant plus de donner à cet ouvrage toute la perfection dont il se sent capable, que l'ouvrage est dédié à V. M., et qu'il a eu le bonheur de lui plaire. C'est une entreprise si difficile, qu'il n'ose s'en fier à ses seules forces; en voulant donner une traduction plus fidèle, il craint de gâter un ouvrage qui a eu du succès; et pour éviter cet écueil, il croit avoir besoin de consulter les vrais juges de la langue. Tels sont, Sire, les motifs qui lui font désirer ce voyage, quoiqu'il n'aime rien moins qu'une vie errante; et il ose se flatter que V. M. voudra bien se rendre à ces raisons.
Puisse la destinée, qui veille sur les grands hommes, conserver V. M. dans l'année où nous allons entrer, et dans celles qui la suivront! puisse-t-elle, en pacifiant le Nord, mettre le comble à ses succès et à sa gloire! Ce sont les vœux de celui qui sera toujours avec la plus vive reconnaissance et la plus tendre vénération, etc.
b Guillaume de Nassau, ou la fondation des Provinces-Unies (poëme épique en dix chants et en prose), par M. Bitaubé. Nouvelle édition, considérablement augmentée et corrigée. Paris, 1775, in-8. Voyez, au sujet de l'auteur, notre t. XXIII, p. 463.