<640>mains de votre archevêque; il bénirait Dieu de ce que sa providence ne m'a pas fait naître sur le trône des Velches, et il en aimerait d'autant plus Louis XVI.
Nous jouissons ici d'une tranquillité parfaite, et je me flatte que cette heureuse situation pourra continuer, si l'on est sage. La paix est la mère des arts; il faut que le temple de Janus soit fermé pour les cultiver. C'est le temps que votre sculpteura devait prendre pour venir ici; les morceaux que j'ai vus de sa façon sont élégants et de bon goût. Il trouvera d'abord de l'ouvrage en arrivant; pourvu que sa tête soit aussi sage que ses mains sont adroites, nous nous comporterons fort bien ensemble.
S'il vous faut des vers, en voici; ce seront vos étrennes; cela est bon pour amuser un moment, et voilà tout. Je n'apprends rien de votre santé, ce qui me fait soupçonner qu'elle est bonne; conservez-la soigneusement, c'est l'unique vrai bien dont nous puissions jouir. Personne ne s'intéresse plus à la conservation de Protagoras que le Philosophe de Sans-Souci. Sur ce, etc.
147. AU MÊME.
Le 14 décembre 1774.
Le sculpteur est arrivé avec la lettre dont vous avez bien voulu le charger. Nous ferons notre accord, et il ne manquera pas d'ouvrage. Je vous suis obligé du choix que vous en avez fait. Les morceaux que j'ai vus de lui sont beaux, et je crois, sur
a Jean-Pierre-Antoine Tassaert, l'auteur des statues du général de Seydlitz (1781) et du feld-maréchal Keith (1786), qu'on voit sur la place Guillaume, à Berlin, fut baptisé le 19 août 1727, à Anvers, en la paroisse de Saint-Georges, et mourut à Berlin le 21 janvier 1788.
André Schlüter (t. I, p. 125 et 261), qui fut baptisé le 22 mai 1664, dans l'église de Saint-Michel, à Hambourg, et qui mourut en Russie en 1714, avait travaillé à l'embellissement de Berlin de 1694 à 1713. Après lui, l'art de la sculpture n'eut plus de représentant dans cette ville jusqu'à Tassaert. Avec celui-ci commence une série d'artistes qui ont continué jusqu'à présent à décorer de leurs ouvrages les places de notre capitale.