<71>les pieds dès aujourd'hui, madame, en avancement d'hoirie, quoique vous ne vouliez pas précisément devenir papesse. Je ne sais point le grand art de faire naître les occasions, et je crois, madame, qu'il ne nous est donné que d'en profiter alors qu'elles se présentent. Qui peut mieux saisir ce moment avec justesse et dextérité que V. A. R.? Elle, qui réunit toutes sortes de mérites, fera sûrement tout à propos et avec le plus de sagesse, et si vos soins n'ont pas toujours été couronnés de succès, ce n'est pas à vous, madame, qu'on en peut faire des reproches, mais c'est aux causes secondes qu'il faut s'en prendre, à ces combinaisons qui se dérobent à nos yeux, et qui influent si prodigieusement dans le sort de ceux qui ne peuvent se conduire que par des conjectures. Après tout, il faut le dire, dût votre modestie s'en offenser, vous avez, madame, tant de mérite, qu'une couronne ne saurait le relever, et que, fussiez-vous même dans un état plus obscur, quiconque aurait le bonheur de vous y connaître vous devrait la même estime. La mienne, madame, vous est entièrement acquise; je prie V. A. R. d'en être persuadée, ainsi que de l'admiration avec laquelle je suis, etc.

29. DE L'ÉLECTRICE MARIE-ANTONIE DE SAXE.

Dresde, 21 septembre 1764.



Sire,

Je dois depuis longtemps une réponse à Votre Majesté; mais je ne voulais pas la lui faire parvenir au milieu de ses occupations militaires. Je vous aime mieux, Sire, à Sans-Souci que dans un camp, et vous m'y donnerez plus aisément quelques minutes d'un temps toujours employé. Je n'en ferai point perdre à V. M. par des recherches théologiques. Mais je ne puis m'empêcher de lui dire que je ne trouve guère en moi ce précieux sentiment de liberté; ma volonté, au contraire, est fort gênée. La vôtre, Sire,