<72>et celle de tous les grands potentats, est plus libre. Vous forcez les destinées, et, quoi qu'en dise votre modestie, vous ne bornez pas votre art à saisir les occasions; vous savez les faire naître. J'accepte, Sire, si vous voulez y aider un peu, l'augure que vous me présentez; mais ce n'est pas pour moi-même. Fussé-je papesse, je vous dispenserais de me baiser les pieds; mais je ne vous dispense point de tendre la main à quelqu'un qui m'est cher.

Je vous dois, Sire, des actions de grâce bien particulières pour le compliment flatteur que le prince héréditaire de Brunswic m'a fait de votre part, et j'étais dans une vive impatience de vous dire à quel point j'y ai été sensible. Ce prince, que j'ai vu ici avec bien du plaisir, m'a paru digne de sa réputation. S'il a bien peint à V. M. mes sentiments pour elle, je lui en aurai une obligation éternelle. Il vous convaincra, Sire, que je suis avec autant de sincérité que d'attachement, etc.

30. A L'ÉLECTRICE MARIE-ANTONIE DE SAXE.

Sans-Souci, 25 septembre 1764.



Madame ma sœur,

Dans quelque lieu que je me trouve, et quelle que soit l'occupation dont je sois chargé, il n'en est aucune que je ne quitte avec plaisir pour répondre à V. A. R., trop heureux qu'elle se souvienne de moi. Je sens bien, madame, que ma théologie vous doit paraître un peu hérétique, à vous, fille de l'Église, et très-orthodoxe héritière de la foi de vos pères. Je ne vous dirai point, madame, que les écoles distinguent une liberté spontanée d'une autre liberté; je ne vous fatiguerai point d'un verbiage métaphysique sur une matière difficile et presque impénétrable.a Mais j'ose


a Voyez t. XXI, p. 101, 102, 112 et suivantes, et p.142 et suivantes; t. XXIII, p. 227 et 232.