<73>vous assurer, madame, que la liberté dont je voudrais user librement se trouve, dans de certains cas, chargée d'entraves et arrêtée par des considérations qui l'obligent de se plier aux conjonctures. C'est, je crois, ce qui est arrivé plus d'une fois à V. A. R., et dont peu de personnes, ou, pour mieux dire, aucunes, n'ont pas eu la même expérience. Je laisse aux grands potentats à gouverner le monde à leur fantaisie, et je me trouve bien heureux quand je puis en paix faire le bien que je dois aux peuples que la Providence a daigné commettre à mes soins. Si j'avais quelque influence sur les destinées, je les aurais assurément dirigées de façon qu'elles m'auraient fourni l'occasion de me trouver à vos pieds. Mais je n'ai assurément pas ce beau secret, et vous le voyez, madame, par l'éloignement où je me trouve, et par l'impossibilité dans laquelle je suis de réaliser mes vœux.
Le Prince héréditaire a dû rendre compte à V. A. R. de mon admiration et de la haute estime que j'ai pour votre personne. Il est revenu enchanté de vos bontés; il pense comme moi sur votre sujet, madame; c'est un nouvel enthousiaste que vous vous êtes acquis, qui publie partout ce que l'univers pense de vous, et ce que votre extrême modestie m'interdit de vous écrire. Il m'a assuré de la continuation de votre bienveillance; je vous supplie, madame, de me la conserver. Peut-être ne me rendez-vous pas toute la justice possible en ce moment; mais il n'en est pas moins sûr que personne ne saurait avoir une plus haute estime ni une plus grande considération pour votre personne que je fais profession d'en avoir, étant, etc.
31. DE L'ÉLECTRICE MARIE-ANTONIE DE SAXE.
Dresde, 9 novembre 1764.
Sire,
Je suis vivement touchée de la complaisance avec laquelle Votre Majesté veut bien me sacrifier quelques-uns de ses moments pré-