[Frédéric à M. de Hertzberg, (Breslau, 29 avril 1779)]
Le Roi renvoya au ministre sa lettre une demi-heure après, avec la réponse suivante, écrite en marge de la propre main du Roi :
J'ai lu cet essai de traduction de Tacite que vous m'envoyez, contre lequel il n'y a rien à dire; mais c'est la description des mœurs des Germains. Ce n'est pas ce qu'il y a de difficile à traduire, mais son style sentencieux et énergique dont il trace en peu de mots les caractères et les vices des empereurs romains. Que les traducteurs s'essayent sur la vie de Tibère, sur Claude; ce style laconique et pittoresque en même temps, où au moyen de deux mots il exprime tant de choses, c'est ce qui mérite l'imitation de nos auteurs. Peu de paroles et beaucoup de sens, voilà ce que nos écrivains doivent se prescrire comme la règle inviolable de leurs productions. Quot verba, tot pondera.378-a Je vous demande pardon de ce que mon ignorance a la hardiesse de citer du latin à votre sapience; mais c'est une présomption que j'espère que vous me pardonnerez.
378-a Voyez t. VII, p. 120, et Büsching, Character Friedrichs des Zweiten, seconde édition, p. 32.