<11>mettant le comble à son bonheur, augmenterait encore, s'il est possible, son ardeur et son zèle pour le service de V. M.
Je ne prends guère d'intérêt, Sire, à tous nos brillants Français, qui ne voyagent guère que pour rendre notre nation ridicule. Elle l'est déjà assez sans sortir de chez elle, et sans aller porter ailleurs sa sottise et sa frivolité.
Je suis bien plus touché de l'intérêt que V. M. m'a marqué pour l'état de M. de Catt. Il me paraît pénétré de reconnaissance de vos bontés; il m'en parle sans cesse, dans toutes ses lettres, et j'ose dire qu'il les mérite par sa fidélité inviolable et son dévouement sans bornes pour V. M. Ce sont, Sire, les sentiments que doivent prendre pour V. M. tous les hommes vertueux qui l'approchent. Ceux qui ne le sont pas peuvent penser autrement; mais leurs plaintes font l'éloge de V. M. J'ose pourtant réclamer ses bontés pour un malheureux qui assure qu'on l'a calomnié auprès de vous; c'est le sieur E..., qui supplie V. M. de vouloir bien écouter les preuves qu'il désire lui donner de son innocence. Je l'ai vu de temps en temps pendant son séjour à Paris; il m'a paru avoir une conduite sage et honnête, et je n'ai rien appris qui puisse me donner de lui des idées peu favorables. Il ne demande à V. M. que la permission de se justifier auprès d'elle. Mille pardons, Sire, de la liberté que je prends de lui présenter la requête de ce malheureux, dont je n'aurais pas osé lui parler, si je le croyais coupable. Je suis, etc.
154. A D'ALEMBERT.
Le 8 mai 1775.
Vous avez deviné juste sur le buste qui vous a été envoyé; c'est celui de Voltaire. Le mérite de ce morceau consiste dans la ressemblance; c'est Voltaire lui-même, il ne lui manque que la parole. Vous direz qu'il y manque donc ce qu'il y a de mieux; mais