<136>a tous enchantés par le récit qu'il nous a fait des actes de bienfaisance, de justice, de providence, si je l'ose dire, qui remplissent tous les jours de votre vie. V. M. croit que sa goutte à la main droite a été une punition divine du très-plaisant et très-philosophique Commentaire sur la Barbe-bleue, que cette main a eu l'impiété d'écrire. Je prends la liberté, Sire, de recommander les prêtres, les théologiens, et toutes les sottises qu'ils débitent, à la main gauche de V. M., quand sa main droite sera hors d'état de les foudroyer. Ils sont d'autant plus faits pour être battus par un roi philosophe, qu'ils deviennent de jour en jour pires que jamais. Ils refusent actuellement à l'Académie française la satisfaction de rendre à la mémoire du grand Voltaire les honneurs funèbres; et le gouvernement, qui les hait et qui les méprise, paraît appuyer, j'ignore par quelle raison, ce trait de fanatisme. Heureusement les mânes de ce grand homme ont été honores bien dignement par l'éloquent et touchant Éloge que V. M. en a fait, et qui vaut mieux que tous les services funèbres, quand même notre saint-père le pape serait célébrant. Je prends la liberté d'inviter de nouveau V. M. à faire l'acquisition du buste de marbre de cet homme si rare, et je ne puis me dispenser de lui dire combien j'ai été touché de ce qu'elle m'a fait l'honneur de m'écrire à ce sujet, en remettant celle dépense à l'année prochaine. Ce trait d'économie vraiment royale, Sire, a enchanté tous ceux à qui je l'ai raconté; ils ont fait des vœux, ainsi que moi, pour que les autres souverains imitassent cet exemple, en mettant dans leur dépense un ordre et une attention si nécessaires au bien de leurs sujets.
Vous avez, Sire, très-éloquemment et très-solidement réfute, dans votre excellent ouvrage sur l'amour de la patrie, les assertions abominables que vous assurez avoir lues dans un des mauvais livres qui ont paru en même temps que le détestable Système de la nature. Mais croyez, Sire, que ni ce Système, ni aucun de ces mauvais livres, n'est l'ouvrage d'un véritable philosophe, ni même d'aucun écrivain digne de ce nom. Il est fâcheux pour les honnêtes gens qui ont travaillé à l'Encyclopédie qu'on mette sur leur compte toutes les inepties qui paraissent, et qu'on donne le nom d'encyclopédistes aux ennemis de la patrie. Hélas! Sire, si