<174>l'ai lu à tout ce que je connais, et tout ce que je connais l'a admiré comme moi. Tous s'écrient qu'on ne peut faire de cette princesse une plus belle oraison funèbre, qu'on devrait mettre ce peu de mots sur sa tombe : « Ci-gît Marie-Thérèse, impératrice-reine de Hongrie et de Bohême. Le grand Frédéric, son contemporain, a dit d'elle : Elle a fait honneur au trône et à son sexe; je lui ai fait la guerre, et je n'ai jamais été son ennemi. » Nous avons eu, le 25 janvier dernier, à l'Académie française, une séance publique pour la réception de deux nouveaux académiciens. M. l'abbé Delille, qui les recevait, et qui a dit un mot, dans son discours, sur l'Impératrice-Reine, a ajouté qu'il ne pouvait la louer avec plus d'éloquence que V. M.; il a rapporté vos paroles, et toute la salle a retenti d'applaudissements. J'ai eu plus d'une fois occasion, dans les lectures que j'ai faites à cette compagnie assemblée, d'exprimer mes sentiments pour V. M., de parler de sa gloire et de ses ouvrages, et le public a toujours fait chorus; car ce public, Sire, a pour vous la vénération que vous méritez comme guerrier et comme roi, et l'admiration que vous méritez encore comme écrivain et comme philosophe.
On me mande, Sire, qu'il y a actuellement à Berlin un jeune savant, nommé M. Mayer,a qui vient de publier en allemand une excellente Histoire de la Suisse; que cette histoire a été traduite en français; qu'elle est pleine de philosophie et de vérités courageuses; que l'auteur est en état d'écrire en français; qu'il désirerait se fixer dans les États de V. M., et que l'Académie ferait en lui une excellente acquisition, si V. M. jugeait à propos de l'y attacher, en le fixant d'abord par une modique pension de quatre cents écus, dont il se contenterait jusqu'à ce qu'il eût mérité par son travail d'obtenir une plus forte récompense. V. M. pourrait prendre des informations au sujet de cet homme de lettres; et comme je m'intéresse au bien de son Académie, je prends la liberté de demander à V. M. ses bontés pour M. Mayer, en cas que, après les informations, elle le juge digne de les obtenir.
Il ne me reste d'espace, Sire, que pour renouveler à V. M. les vœux ardents que je ne cesse de faire pour son bonheur, pour
a Jean de Müller, né à Schaffouse le 3 janvier 1752, nommé historiographe de Brandebourg le 31 juillet 1804.