<175>l'accroissement de sa gloire, si cet accroissement est possible, pour sa santé, son repos et sa conservation. On m'écrit que V. M. se porte mieux que jamais, et je réponds avec cet ancien : Les dieux sont donc quelquefois justes!
Je suis avec la plus tendre vénération, etc.
230. A D'ALEMBERT.
Le 24 février 1781.
L'ouvrage que je vous ai envoyé est l'ouvrage d'un dilettantea qui, prenant part à la gloire de sa nation, désirerait qu'elle perfectionnât autant les lettres que l'ont fait les nations ses voisines qui l'ont précédée de quelques siècles. Loin d'être sévère, je ne l'ai fouettée qu'avec des roses; il ne faut pas abaisser ceux que l'on veut encourager; au contraire, il faut leur faire voir qu'ils ont le talent, et qu'il ne leur manque que la volonté de le perfectionner; et en cela, une pédanterie grossière et le manque de goût sont les plus grands obstacles qui les arrêtent. J'avoue que le génie n'est pas aussi commun qu'on le croit, et que des hommes déplacés, qui auront fait merveille dans un genre, ne réussissent pas également dans les autres. Dans les écoles et les universités de mon pays, j'ai introduit la méthode d'instruction que j'ai proposée, et je m'en promets des suites avantageuses.a Je signe volontiers mon arrêt touchant Marc-Aurèle et Épictète; toutefois vous saurez qu'en Allemagne la connaissance de la langue latine est bien plus commune que la connaissance de la grecque; pourvu que nos savants s'appliquent à bien traduire ces auteurs, ils met-
a Voyez t. XXIII, p. 277 et 363, et t. XXIV, p. 167 et 563.
a Frédéric parle sans doute de sa Lettre sur l'éducation, remise, le 17 avril 1770, au ministre d'État de Münchhausen, avec l'ordre d'en prescrire l'usage dans les universités, et de son ordre de Cabinet, du 5 septembre 1779, relatif aux divers établissements d'instruction publique, et adressé au ministre d'État baron de Zedlitz. Voyez t. IX, p. VIII, et 131-147.