<198>Évangiles poétiques. J'abandonne les beaux esprits de l'ancienne loi à Beaumont, à la Sorbonne et à tous les non-penseurs; ils peuvent faire sauter les montagnes et les transporter, s'ils veulent; pourvu qu'ils me laissent le Parnasse, il me suffit. Au lieu de Notre-Dame et de sainte Geneviève, j'ai les neuf Muses avec Sapho; au lieu de saint Denis, j'ai Apollon, qui ne baise point sa tête. Vous conviendrez qu'avec une telle compagnie un honnête homme n'est pas à plaindre. Du reste, on ne gagne point chez moi d'indigestion pour avoir mangé ...b gloutonnement. Nous célébrons nos fêtes avec des figues et des pêches; des grappes de muscat nous abreuvent, et tout se passe sans enchanteurs et sans enchantement. Vous devriez vous résoudre à partager avec nous nos agapes; votre foi vous en rend digne, et nos frères vous recevraient à bras ouverts. Mais que dis-je? vous me renvoyez à la vallée de Josaphat, et je crains que nous ne disparaissions l'un et l'autre avant de nous y rencontrer. Si vous voulez une paire de brodequins du bon faiseur, je vous en enverrai, car dans ce monde tout est folie, excepté la gaîté. Sur ce, etc.

241. DE D'ALEMBERT.

Paris, 10 septembrea 1781.



Sire,

Votre Majesté me paraît si stupéfaite et presque si scandalisée de mon érudition hébraïque, davidique et prophétique, que je suis presque tenté d'en être honteux et d'en demander pardon au roi philosophe. Mais, Sire, ce roi philosophe me pardonnera d'avoir tant de sottises dans la tête, quand il saura que j'ai eu le malheur d'être élevé par des dévots qui me faisaient réciter force


b Nous ajoutons ces points d'après la traduction allemande des Œuvres posthumes, t. XI, p. 304.

a Le 1er septembre. (Variante de la traduction allemande des Œuvres posthumes, t. XV, p. 131.)