<208>Sire, aux bontés infinies et de toute espèce dont V. M. me comble depuis trente années, elles me pénètrent toujours d'une nouvelle reconnaissance, et je suis infiniment touché de la nouvelle marque qu'elle vient de m'en donner en admettant M. Sélis dans l'illustre Académie que V. M. protége avec tant d'éclat et de succès. Quoique V. M. ait la bonté de me dire qu'elle a bien voulu, en cette occasion, avoir égard à ma recommandation en faveur de M. Sélis, j'ose assurer V. M. qu'il est digne de cette faveur par ses ouvrages (comme V. M. peut s'en assurer elle-même), par ses talents pour l'éducation de la jeunesse confiée à ses soins, et par les principes sains de littérature et de morale qu'il lui enseigne. Il m'a chargé de mettre aux pieds de V. M. les justes sentiments dont il est pénétré pour elle, qu'il inspire à ses élèves, et qu'elle trouvera exprimés dans la lettre qu'il a l'honneur d'écrire à V. M. Il se propose de faire honneur à son choix en envoyant à l'Académie quelques dissertations sur des objets intéressants de littérature, et en tâchant de les rendre dignes d'être insérées dans les Mémoires de cette savante compagnie. V. M. ne peut imaginer la reconnaissance et l'émulation qu'elle vient d'exciter dans l'université de Paris par les bontés dont elle a honoré le maître et le disciple. Ainsi les études, comme les sciences et les lettres, lui seront redevables de leurs progrès, en France; comme dans ses propres États.
V. M. s'exprime avec la philosophie la plus vraie, et en même temps la plus aimable, sur les louanges que le jeune écolier lui a données. Mais celle philosophie, Sire, si digne d'un grand homme qui apprécie tout, n'empêche pas la philosophie elle-même de dire : L'enfant dit vrai, et d'applaudir à la justice qu'il rend à V. M.
Je pense bien comme elle que ce n'est pas l'amour de la philosophie qui fait faire au César Joseph tant d'entreprises contre les moines, les prêtres et la cour de Rome; je crois que ces entreprises couvrent de plus grands intérêts, qui ne tarderont pas à éclore bientôt; et, malgré ma néphrétique et mon âge de soixante-quatre ans, je ne désespère pas de voir un jour l'Empereur vraiment roi des Romains, et le successeur de saint Pierre réduit à n'être qu'évêque de Rome. Malheureusement, Sire, pour le pro-