<211>Mais passons des panégyriques aux desseins du César Joseph. Vous saurez sans doute que le pauvre Braschi, pour conjurer les entreprises attentatoires au saint-siége, avait résolu de venir à Vienne, afin de fléchir le César Joseph et de soutenir sur son troupeau tudesque et hongrois la plénitude de la puissance que saint Pierre lui a confiée. A cela Joseph a répondu que le saint-père pouvait venir à Vienne, s'il le voulait, mais que son projet ne s'en exécuterait pas moins. Reste à savoir si la tiare s'humiliera devant la couronne impériale, ou non. Il faudrait, pour venger les empereurs Frédéric II et Henri, qu'on reçût le pape à Vienne comme autrefois l'Empereur fut reçu à Canosse. Ce serait venger l'honneur du trône, et tous les laïques de la tyrannie épiscopale. Cependant la pitié, qui parle en faveur des malheureux, se fait entendre à mon cœur, et me dit : C'étaient les Hildebrand qu'il fallait punir, et non un pauvre pontife qui, bien loin de faire du mal, défriche les marais pontins. L'insolence révolte, la faiblesse attendrit; il n'y a que les âmes lâches qui se vengent d'ennemis vaincus, et je ne suis pas de ce nombre. Je laisse paisiblement la prostituée de Babylone siéger sur ses sept montagnes. Pourvu qu'il abandonne ses dogmes pour la morale, et qu'il prêche la charité, je serai aussi peu son ennemi que celui du grand lama qui siége au Thibet. Je ne sais si on brûle les quiétistes à Madrid, ou si on porte le deuil à Lisbonne pour une hostie volée; mais j'apprends (et je vous en félicite) la mort de l'archevêque de Paris. Ce Beaumont ne valait pas Élie de Beaumont l'avocat. L'évêque était un ours mené en laisse par un ex-jésuite, lequel inventait et lui dictait toutes les sottises sacrées que l'autre mettait en œuvre. Le cagot devait bénir le ciel de ce que le nom de prêtre était encore en usage; ce serait bien pis, si on ne l'employait plus; c'est toujours en supposant qu'un jour les hommes puissent devenir raisonnables, ce qui toutefois me paraît impossible, vu le train du monde.
Vous ne devez pas vous étonner de ce que j'aurais voulu parler à ce M. Dubois avant de l'engager. Vous ne sauriez croire quelles caravanes arrivent ici d'insectes littéraires dont à peine on peut se débarrasser, d'autant plus que c'est en Pologne où cette vermine pullule; et le séjour que le sieur Dubois a fait dans