<248>liculaires sont dans la nécessité de les respecter, en ménageant leur délicatesse infinie avec la plus scrupuleuse attention. Si l'image de Dieu de Versailles défend la publication des œuvres de Voltaire, les libraires suisses, hollandais et allemands gagneront à l'impression ce que des libraires français auraient pu profiter, et vos prêtres, quoi qu'ils fassent, ne ressusciteront pas à la fin du dix-huitième siècle la bienheureuse stupidité des siècles dix et onzième. Les gens qui pensent et qui combinent des idées sont très-désabusés de fables. La Sorbonne défend les brèches faites au corps de la place de la stupidité, et elle se contente que la masse imbécile du peuple la suppose invulnérable. Je vous souhaite la bonne année; surtout n'ayez plus de colique néphrétique, et suspendez votre voyage jusqu'à mon départ. Sur ce, etc.

265. DE D'ALEMBERT.

Paris, 16 février 1783.



Sire,

Ma santé n'est, depuis plus de trois mois, qu'une alternative continuelle de souffrances plus ou moins longues, mais toujours très-vives, et de quelques jours de repos. Je profite, Sire, avec ardeur d'un de ces derniers moments pour mettre aux pieds de V. M. les sentiments que je lui dois à tant de titres, et surtout pour lui témoigner ma vive reconnaissance des lettres si consolantes qu'elle a la bonté de m'écrire. C'est le meilleur baume que je puisse mettre sur mes douleurs, et le seul adoucissement à ma triste existence. La douleur, d'une part, et, de l'autre, l'affaissement et l'abattement qui la suit, ne me permettent plus de prendre intérêt à rien qu'au bonheur de V. M., à sa conservation, et aux bonnes nouvelles que M. le baron de Goltz me donne