<30>honnêteté, ses travaux et ses lumières, et je prends la liberté de le recommander aux bontés de V. M. Que ne puis-je, Sire, aller vous dire moi-même tout ce que je suis forcé de ne vous dire que par lettres! V. M. a la bonté de me faire à ce sujet des invitations nouvelles, et qui me pénètrent de tendresse et de reconnaissance. Que ne suis-je en état d'y répondre! Ma place de secrétaire ne m'empêcherait pas d'aller passer encore quelque temps auprès de V. M., et de mettre à ses pieds, avant que de mourir, tous les sentiments qui sont depuis si longtemps dans mon cœur. Mais, Sire, une santé très-faible, et qui craint de ne pouvoir résister à la fatigue, des amis malades à qui je suis cher, et qui ont besoin de moi, ne me permettent pas de former sur ce sujet des projets arrêtés. Je ne désespère pourtant pas tout à fait de remplir mes vœux à ce sujet, et de pouvoir renouveler à V. M. les témoignages de la tendre vénération avec laquelle je serai toute ma vie, etc.
164. A D'ALEMBERT.
Le 23 octobre 1775.
Quoi qu'en dise Posidonius, la goutte est un mal physique très-réel. Cette maudite goutte m'a tenu quatre semaines tous les membres garrottés, et m'a empêché de vous répondre. Votre dernière lettre m'a fait bien du plaisir, parce qu'elle me fait espérer de voir et d'entendre encore le sage Anaxagoras avant de boire du fleuve Léthé. Croyez-moi, jouissons de la liberté de nous voir tant que nous le pouvons. Dès que je saurai la route que vous aurez choisie, je prendrai le contre-pied des prêtres, qui sèment la route du paradis d'épines et de ronces, pour semer