<325>nier emprunt, ni concourir à son opération des louis, obligé de chercher jusqu'à la mort de mon père l'emploi de mon activité naturelle et de mon faible talent, tourmenté du désir, peu raisonnable peut-être, de me faire regretter en France, je l'ai quittée avec la permission du souverain, mais dans la ferme résolution de n'y rentrer, aussi longtemps que je serai jeune et capable de quelque chose, que pour recueillir l'héritage considérable que me laissera mon père.

Après la juste curiosité qui m'a conduit à Berlin, où j'attendrai probablement mon frère, qui doit demander à V. M. la permission de s'instruire aux manœuvres, mon intention est, je l'avoue, Sire, à vous seul, d'aller chercher de l'emploi dans le pays que je connaisse qui ait le plus besoin des étrangers. Je pousserai donc en Russie; et certes je n'aurais pas été chercher cette nation ébauchée et cette contrée sauvage, s'il ne me paraissait que votre gouvernement est trop complétement organisé pour que je puisse me flatter de devenir utile à V. M. La servir, et non pas siéger oiseusement dans des académies, eût sans doute été la première de mes ambitions, Sire. Mais les orages de ma première jeunesse et les déceptions de mon pays ont trop longtemps détourné mes idées de ce beau dessein, et je crains bien qu'il ne soit trop tard. Daignez agréer, Sire, la révélation de celui auquel je me vois contraint de me borner. Je vous la devais, puisque V. M. a montré quelque curiosité sur ma destination; mais j'ose la supplier de m'en garder le secret.

Je suis avec un très-profond respect, Sire, etc.

4. AU COMTE DE MIRABEAU.

Potsdam, 28 janvier 1786.



Monsieur le comte de Mirabeau,

Je n'ai pu qu'être bien sensible à la confidence que vous me faites, dans votre lettre du 26, des raisons qui vous ont engagé à vous