<326>expatrier avec la permission de votre souverain, et à chercher dans l'étranger à faire valoir vos talents avec plus de succès. Vous pouvez être persuadé que je vous en garderai le secret, et que je m'intéresserai toujours au sort d'un homme de votre mérite, souhaitant de bien bon cœur qu'il soit des plus favorables, et conforme à votre attente. D'ailleurs, il dépendra entièrement de vous de vous arrêter à Berlin jusqu'à l'arrivée de M. votre frère, qui veut me demander la permission d'assister aux manœuvres. Ce dessein me fait d'autant plus de plaisir, que j'espère, dans cet intervalle, d'avoir celui de vous voir encore une couple de fois, pour vous assurer de bouche de tous mes sentiments pour vous. En attendant, je prie Dieu, etc.

5. DU COMTE DE MIRABEAU.

Berlin, 18 février 1786.



Sire,

Permettez que je mette aux pieds de Votre Majesté les respectueuses réclamations d'un de mes amis contre la mauvaise foi révoltante d'un de vos sujets.

Le baron de Borcke, ci-devant envoyé de V. M. à la cour de Saxe, doit à M. Théophile Cazenove, capitaliste très-connu d'Amsterdam, et chef d'une maison de commerce considérable, quatre-vingt mille livres d'une part, et, de l'autre, soixante mille livres aux héritiers du beau-père de ce même Cazenove. Ces sommes sont le prix des différences payées pour M. de Borcke dans des opérations en fonds publics faites à sa prière. Cet honnête homme, depuis qu'il a perdu, prétend que le jeu des fonds est défendu par les lois de Hollande, et croit, par cette fausseté absurde et manifeste, établir d'une manière satisfaisante qu'il ne doit pas ce qu'on a payé par son ordre exprès; il va jusqu'à disputer la validité d'une hypothèque en bonne forme qu'il a donnée sur ses terres de Clèves. Ses lettres nombreuses constatent l'indignité de