<358>pêchent, et plus il leur en fournit. C'est son usage général; il ne fournit bien que ceux qui sont riches en fonds. Les pauvres en sottises sont comme les pauvres en espèces sonnantes; ils n'ont qu'un chapelet bien peu chargé, et ne peuvent faire aucun étalage; il faut qu'ils dévident le plus lentement et le plus rarement possible, s'ils ne veulent pas survivre à leurs fonds. C'est un grand sujet d'humiliation pour V. M. que le suprême géomètre, ayant distribué tant de riches chapelets parmi les maîtres du monde, se soit, pour ainsi dire, plu à négliger celui qu'il lui réservait; et comme le royaume des cieux est aussi réservé aux pauvres d'esprit, je ne vois pas même de ressource pour V. M. dans l'autre monde.
Ce n'est pas à moi, Sire, de me plaindre de la doctrine du feu due de Deux-Ponts. Puisque la bonté divine m'a conduit et cloué depuis ma jeunesse dans ce point hors duquel il n'y a point de salut, je n'ai qu'à bénir mon sort et la mémoire du feu duc de Deux-Ponts, qui me voulait d'ailleurs du bien. Je ne saurais donc en conscience entrer dans aucun projet d'alliance contre sa maison, dont je suis intéressé, comme V. M. voit, à soutenir la doctrine et les maximes; et quand je n'aurais pas autant à me louer de ces maximes, je ne me sentirais pas le courage, pour les intérêts seuls de mon salut, de troubler la paix générale. J'ai, au contraire, la plus ferme espérance d'achever de dévider mon chapelet avant qu'il ait plu aux maîtres de la terre de recommencer à faire ronfler le canon; tant je suis sûr qu'aucun d'eux ne désire la guerre dans ce siècle de modération et de philosophie.
Je suis avec le plus profond respect, etc.
20. DU MÊME.
Le 20 juillet 1785.
Sire,
Votre Majesté trouvera que le commissionnaire que le marquis de Condorcet s'est choisi l'importune bien souvent; mais le com-