<375>satirique, comme il paraît par quelques-uns de ses Éloges, qui sont plutôt des critiques que des panégyriques. Je souhaite que la France vous fournisse des sujets qui méritent par leur génie et par leurs talents qu'on en fasse des Éloges dignes de tenir leur place à côté de ceux de leurs prédécesseurs. Sur ce, je prie Dieu, etc.
5. AU MÊME.
Potsdam, 29 juin 1780.
J'ai reçu votre lettre, mais j'attends votre ouvrage, qui n'est pas encore arrivé. Je vous remercie de me l'avoir communiqué, et je m'en tiendrai à la préface, comme vous me l'indiquez; car les ignorants de ma classe se contentent du résultat de vos calculs, sans sonder des profondeurs infinies. A l'égard de vos opinions touchant la peine du délit, je suis bien aise que vous soyez du même sentiment que le marquis Beccaria.a Dans la plupart des pays, les coupables ne sont punis de mort que lorsque les actions sont atroces. Un fils qui tue son père, l'empoisonnement, et pareils crimes, exigent que les peines soient grièves, afin que la crainte de la punition retienne les âmes dépravées qui seraient capables de le commettre. Pour ce qui concerne la question, il y a près de cinquante ans qu'elle est proscrite ici,b comme en Angleterre.c La raison en est des plus convaincantes; elle ne dépend que de la force ou de la vigueur du tempérament de celui auquel on l'applique; un moyen qui peut produire un aveu de la vérité, ou un mensonge que la douleur extorque, est trop
a Auteur de l'ouvrage Dei delitti e delle pene, publié en 1764. Voyez t. XVIII, p. 297, et t. XXIII, p. 457.
b La question fut abolie en Prusse le 3 juin 1740. Voyez t. IX, p. 32, et t. XX, p. 289.
c En 1628, dans le procès de Felton, meurtrier du duc de Buckingham, les juges déclarèrent unanimement que, selon la loi anglaise, l'inculpé ne devait pas être mis à la torture. Voyez William Blackstone, Commentaries of the Laws of England. Nouvelle édition. Londres, 1826, t. IV, p. 326.