<401>m'est impossible d'en rien retrancher. J'aime encore mieux vous avoir ennuyé, monseigneur, que de vous laisser dans une prévention qui pourrait me faire perdre innocemment l'honneur de vos bonnes grâces, l'unique bien souverain auquel j'aspire, et qui démentirait la dévotion sans bornes avec laquelle j'ai fait vœu d'être toute ma vie, etc.
4. AU COMTE DE MANTEUFFEL.
Berlin, 6 décembre 1735.
Monsieur,
Il faut que ma lettre vous ait trouvé dans une humeur mélancolique et atrabilaire, que vous ayez pris pour des choses sérieuses celles qui en effet n'étaient que des badineries et des jeux de mots.
Ce n'est pas d'aujourd'hui que votre nom, heureusement né pour l'équivoque, a donné lieu aux doubles ententes des plaisants;a je voulais m'égayer à ses dépens, comme tant d'autres, et peut-être que vous avez eu l'esprit plus porté au sérieux et au grave dans le temps de cette lecture, et que cela même vous a fait envisager mes badineries pour des vérités sérieuses. Je suis fâché de ne vous avoir pas pu exprimer un souris à cet article de ma lettre, pour marquer au coin de la raillerie un passage qui ne souffre aucune autre explication; tant il est sûr que l'on peut dire bien des choses que l'on ne saurait écrire. Un air, un geste, un clin d'œil suffît pour marquer notre intention;a c'est ce que l'on ne peut exprimer par écrit : l'encre reste noire, et le papier blanc; l'on ne peut ni faire rougir ni pâlir celui qui parle; si celui qui lit la lettre change de ton, cela donne un sens différent à la pensée; un air ironique la rend piquante, un ton monotone aplatit le feu du discours le plus sublime. Avant que de savoir donc de quelle
a Voyez le Journal secret du baron de Seckendorff, p. 28.
a Voyez t. VIII, p. 133 et 277.