<425>d'une bague d'or enrichie de beaux brillants. Les brillants, joints au métal dans lequel ils sont enchâssés, la font vendre plus cher que si elle était tout unie; mais ils n'ôtent rien au prix naturel de l'or dont elle est fabriquée.
J'accorderai volontiers à Rollin qu'il y avait beaucoup de faux brillants parmi les vertus des anciens païens; mais celles que nous pratiquons, ou, comme V. A. R. dit parfaitement bien, que nous devrions pratiquer, ne sont-elles pas sujettes au même inconvénient? Je me souviens d'avoir autrefois lu un livre qui a pour titre : La fausseté des vertus humaines, et qui prouve palpablement, non que celles des païens étaient plus fausses que les nôtres, mais que la plupart de celles que les hommes, soit païens, ou chrétiens, pratiquent communément ne sont souvent qu'un composé de vices différents, ou, pour parler plus juste, que la plupart de nos actions soi-disant vertueuses ne sont telles qu'en apparence, et que, étant souvent fondées dans des principes pernicieux, elles cessent d'être vertueuses dès qu'on en approfondit les véritables sources et le motif.
Qu'il me soit permis de faire quelques réflexions sur les exemples par lesquels V. A. R. se donne la peine d'éclaircir la thèse de Rollin.
1o Elle semble disputer à Socrate le titre de vertueux, parce qu'il avait, dit-elle, des sentiments fort vicieux pour le jeune Alcibiade.
Je pourrais répondre à cela : a) que ces sentiments insensés n'étaient pas regardés de si mauvais œil dans ces siècles-là, mais surtout en Grèce, qu'ils l'ont été depuis; b) que les lois d'Athènes les défendaient, à la vérité, comme étant contraires à la propagation, et par conséquent à la conservation de la société, mais qu'elles semblent en avoir condamné plutôt l'abus que l'usage : au moins est-il notoire que cette sorte de brutalité passait alors, non pour une action licite, mais pour une espèce de galanterie, et qu'il était du bel air, principalement parmi les grands et les riches, de donner dans ce goût dépravé; c) que ces mêmes sentiments, regardés du même œil qu'alors en des temps bien plus récents, ont tellement infecté (en dépit et à la honte de la religion chrétienne) des nations entières, qu'il a fallu recourir au fer et au