<491>V. A. R., prononcée à Sanditten, fera faux bond, et s'accomplira aussi peu que l'axiome est sûr qu'il n'y a que le présent dont nous jouissons, et que l'on fait très-mal de se donner la torture pour l'avenir. La prudence cependant veut que, aussi loin que nos conclusions peuvent aller, nous tâchions de nous rendre ce futur agréable, quitte pour n'avoir rien à se reprocher, si le destin s'y oppose.
La description que V. A. R. fait de la situation du cœur paternel prouve l'excellence du sien, puisque, ne l'ayant pas été jusqu'ici, dont je suis moult fâché, on voit que la source ne vient que de la bonté du naturel exquis de V. A. R.; et ce qu'elle dit par rapport à la faveur sans mérite est inestimable.
Bien loin d'avoir défendu la galanterie, je n'ai prêché que l'éloignement pour la débauche, et j'ai dit à mon fils, en partant, que je souhaite qu'il tombe entre les mains d'une femme qui a l'usage du monde, pour le former dans la politesse, et qu'il soit en état de faire un cours de galanterie, sans donner dans le petit-maître ou le galant mystérieux et homme à bonnes fortunes. Il m'a répondu qu'il suivrait exactement mes avis, très-conformes à son inclination, et que je serais son confident, si telle aventure lui arrivait, se reposant beaucoup sur mon expérience. Le tour malin qu'il donna à cette réponse m'a presque pensé démonter.
Je finis en remerciant très-humblement V. A. R. de son charmant sermon. Plût à Dieu que tous les curés eussent une portion des idées de V. A. R.! On ne s'ennuierait pas tant à leurs sermons, la plupart du temps très-stupides.
Je joins les nouvelles de Paris, et j'ai écrit à Chambriera pour avoir la ... de l'Opéra.
Je suis avec un attachement inviolable et respectueux, etc.
a Envoyé de Prusse à Paris. Voyez t. III, p. 44.